Madagascar : Effet domino
IL Y A UN AN, quand Bouygues Bâtiment International m’a proposé ce poste à Madagascar dans le cadre de la construction des aéroports d’Ivato et de Nosy Be, je n’imaginais pas une seconde jusqu’où cela me mènerait. Les distances bien sûr, et la dimension de ce pays, la grande île comme on l’appelle… En en parlant avec ma femme, on s’est dit que ce serait une belle aventure familiale que d’aller vivre là-bas. J’avais entendu parler des lémuriens, animaux emblématiques de l’île, mais au-delà de cela je ne connaissais pas grand-chose… Ce sont les lémuriens qui nous ont permis de convaincre les enfants.
LE JOUR où nous nous sommes installés, c’était fin 2016, ça a été un double choc. D’abord la beauté de l’île, les côtes magiques, les récifs et les paysages grandioses de carte postale. Waouh ! Mais on a vite découvert l’envers du décor : les conditions de dénuement extrêmes dans lesquelles vivent les Malgaches, notamment les enfants. En fait, selon le classement du Fonds Monétaire International, c’est le 5e pays le plus pauvre du monde… Derrière les plages turquoise, les bidonvilles. Mais bon, on était là, il fallait avancer.
UNE SEMAINE après notre arrivée, avec ma femme on s’est dit : « Comment nos enfants vont-ils percevoir cette grande pauvreté ? » On était les seuls expats de notre quartier. Quand on habite en France, on peut en arriver à vivre dans un cocon. On a décidé, plutôt que d’accepter cette image de la pauvreté, d’entrer en action. Pour nous et pour nos enfants.
UN MOIS plus tard, ma femme passait devant le foukoutani, cette annexe de la mairie où l’on doit souvent faire la queue pour remplir des papiers, de la paperasse, encore de la paperasse. Et là, surprise, elle découvre des enfants assis par terre, en train de manger. Quelqu’un lui explique qu’on leur donne chaque jour un repas pour qu’ils puissent aller à l’école. Alors on a commencé à donner et à collecter de la nourriture, du riz et des mangues… On en a parlé sur le chantier de l’aéroport. Et voilà c’était parti.
TROIS MOIS plus tard, j’ai discuté avec le responsable de l’association qui donnait les repas – le nom de l’association signifie « Mon futur » en malgache, elle oeuvre pour scolariser les enfants. Je lui ai demandé : « Comment aider plus ? » Avec mon épouse, on a décidé d’adhérer à l’association. Et l’idée a germé en septembre 2017 : construire un abri pour accueillir les enfants, un endroit qui soit pérenne.
ENSUITE on a déposé le dossier auprès de Terre Plurielle, la fondation d’entreprise de Bouygues Construction. On partait de zéro. La bonne nouvelle du soutien de Terre Plurielle est arrivée. En revanche, ça a pris plus de neuf mois pour trouver un terrain. Quelle aventure, les notaires, les papiers pour avoir d’autres papiers… c’était vraiment très dur. On communiquait beaucoup sur le positif pour éviter que les gens ne se découragent. L’été est arrivé, et on a enfin signé pour le terrain.